Jean Fils-Aimé, un semeur de trouble des religions monothéistes. Que peut-on en conclure ?
Jean Fils-Aimé, un semeur de trouble des religions monothéistes. Que peut-on en conclure ?
Depuis des jours le thermomètre des émotions violentes affichent des degrés inquiétants chez les croyants, plus particulièrement les chrétiens, suite aux deux articles parus les 1e et 3 avril 2020 sur Facebook, sous la plume de Jean Fils-Aimé.
Des gens traitent ce dernier de satan, lucifer, ignorant en Histoire et même en théologie. A ceux qui ne connaissent pas encore l’auteur, prenons donc quelques secondes pour le présenter succinctement.
Jean Fils-Aimé est docteur en Théologie de l’université de Montréal, spécialiste des questions de foi et de culture en modernité et postmodernité ; détenteur d’une maîtrise en Histoire médiévale de l’université McGill, dont le mémoire porte sur la réforme protestante et la contre-réforme catholique du XXe siècle. Il est aussi pasteur et animateur de l’émission ‘Lumière sur le monde’ à Montréal (Cf. https://www.potomitan.info/ayiti/fils-aime.php).
Il est en outre l’auteur de plusieurs ouvrages publiés en Europe. Je me contente de ne citer que les deux ayant bouleversé la foi chrétienne en Haïti : « Vodou, je me souviens. Le combat d’une culture pour sa survie » (2007) ; « 200 ans de zombification massive des Églises évangéliques en Haïti.
Le temps des bilans » (2017). Depuis l’interview accordé au journaliste Valéry Numa sur son dernier ouvrage (Cf. https://youtu.be/h2CmIYPWd4A), sans parler des fameux débats entre lui et Osner Févry, des propos malsains fusant tous azimuts de ses adversaires ne manquent pas d’importuner ses tympans.
Attendu que notre propos ici ne consiste pas à dresser un inventaire de ces attaques ‘ad hominem’ puériles, tâchons donc de présenter les articles sus-mentionnés et commenter leur contenu. Qu’exposent-ils?
Dans le premier texte, l’auteur a présenté deux grands postulats du monde judéo-chrétien et d’islam que la covid19 a détruits : le ‘pantocrator’ et ‘El shaddai’.
Les religions monothéistes croient que Dieu est Tout-puissant et miséricordieux. L’auteur tente de montrer que cette croyance est fausse, « car, dit-il, si Dieu peut tout et qu’il ne compatisse pas à la souffrance de ses enfants, il serait sadique ».
En effet, il se demande si le pretendu Tout-puissant n’est pas, lui aussi, en confinement !
D’autre part, ce Dieu semble être aussi le contrôleur de tout, un souverain, toujours est-il chez les monothéistes ; là encore, l’auteur pointe du doigt pour montrer la fausseté de cette croyance en paraphrasant l’auteur de « Ainsi parlait Zarathoustra ». « Ce Dieu, dit-il, est mort. La covid19 l’a tué ».
Si Dieu est mort, quelqu’un d’autre a pris cette déité.
Etant donné que le Dieu, que nous presente le discours islamo-judéo-chrétien [l’expression est de lui], serait ‘sadique’, ‘faible’, ‘passif’ ; par conséquent il est mort. Désormais c’est l’homme qui est devenu Dieu lui-même (Homo Deus est). Alors il est homo erectus, homo faber, homo curator.
Dans le second texte, l’auteur a seulement répondu à des critiques émotionnelles, voire émotionneuses [ce terme est de moi] que lui présentent les dogmatistes. Ainsi le voit-on comme satan, lucifer.
A cela, il a montré que la faiblesse – intellectuelle – de ceux-là est issue d’une ignorance de la langue originale de l’ancien testament (l’hébreu). Alors en le traitant de lucifer et satan, « vous me faites l’honneur », « on me place au même rang que Jésus-Christ lui-même », leur riposte-il.
Que faut-il dire de tout cela ?
Remettre en question la ‘δόξα’ ne date pas du temps de Fils-Aimé. Jésus lui-même est un exemple typique de son époque dans la mesure où ses détracteurs lui ont opposé des critiques farouches et virulentes.
Contrairement à ce que pensent les langues bien pendues, particulierement en Haïti, la démarche du théologien n’est pas d’éliminer la bible (ibid.) mais d’encourager une lecture intelligente et éclairée à la lumière des exigences d’une connaissance approndie de l’hébreu, de l’araméen et du grec, en considérant sa complexité dans un contexte historico-critique. Car, ils sont trop nombreux croyant – à ce que Albert le grand s’oppose depuis au Moyen Âge – à une lecture literaliste de la Bible. Si l’auteur maîtrise les langues anciennes (dans ce cas celles de la bible), pourquoi ne cherchons-nous pas, au lieu de galvauder, ignorer les grammaires préliminaires, à le comprendre avant de le critiquer, dans le sens étymologique du terme ?
C’est là le grand problème : ceux qui parlent en mal du professeur ne le comprennent même pas ! Ils accusent un déficit intellectuel (pratiquons le ‘διάλεξις’ !). Prenons donc les textes (la torah, le coran, la bible) ‘cum grano salis’.
Si mon interrogation est sensée, il y a lieu de dire que l’auteur ne se réjouit pas de la covid19 ; mais il nous invite, me semble-t-il, à nous responsabiliser nous-même : nous devons mettre de côté l’affaire de Dieu (s’il en existe un !). Au lieu d’attendre une quelconque guérison divine à cette maladie, donnons-nous la guérison nous-même en faisant bouger notre ‘grey matter’ puisque nous sommes, pour reprendre son terme, ‘homo curator’. Ainsi, je vois en l’auteur un Nietzsche-haïtien.
Que ceux qui pensent être capables de faire avaler au chercheur ses thèses, qu’ils le fassent !
Sinon qu’ils se taisent jusqu’à ce qu’ils en soient capables !
Francklyn Dorcé dit Fran’cé,
Diplômé en Hébreu biblique et étudiant en Histoire/UEH
phi.dorsay11@gmail.com
Depuis des jours le thermomètre des émotions violentes affichent des degrés inquiétants chez les croyants, plus particulièrement les chrétiens, suite aux deux articles parus les 1e et 3 avril 2020 sur Facebook, sous la plume de Jean Fils-Aimé.
Des gens traitent ce dernier de satan, lucifer, ignorant en Histoire et même en théologie. A ceux qui ne connaissent pas encore l’auteur, prenons donc quelques secondes pour le présenter succinctement.
Jean Fils-Aimé est docteur en Théologie de l’université de Montréal, spécialiste des questions de foi et de culture en modernité et postmodernité ; détenteur d’une maîtrise en Histoire médiévale de l’université McGill, dont le mémoire porte sur la réforme protestante et la contre-réforme catholique du XXe siècle. Il est aussi pasteur et animateur de l’émission ‘Lumière sur le monde’ à Montréal (Cf. https://www.potomitan.info/ayiti/fils-aime.php).
Il est en outre l’auteur de plusieurs ouvrages publiés en Europe. Je me contente de ne citer que les deux ayant bouleversé la foi chrétienne en Haïti : « Vodou, je me souviens. Le combat d’une culture pour sa survie » (2007) ; « 200 ans de zombification massive des Églises évangéliques en Haïti.
Le temps des bilans » (2017). Depuis l’interview accordé au journaliste Valéry Numa sur son dernier ouvrage (Cf. https://youtu.be/h2CmIYPWd4A), sans parler des fameux débats entre lui et Osner Févry, des propos malsains fusant tous azimuts de ses adversaires ne manquent pas d’importuner ses tympans.
Attendu que notre propos ici ne consiste pas à dresser un inventaire de ces attaques ‘ad hominem’ puériles, tâchons donc de présenter les articles sus-mentionnés et commenter leur contenu. Qu’exposent-ils?
Dans le premier texte, l’auteur a présenté deux grands postulats du monde judéo-chrétien et d’islam que la covid19 a détruits : le ‘pantocrator’ et ‘El shaddai’.
Les religions monothéistes croient que Dieu est Tout-puissant et miséricordieux. L’auteur tente de montrer que cette croyance est fausse, « car, dit-il, si Dieu peut tout et qu’il ne compatisse pas à la souffrance de ses enfants, il serait sadique ».
En effet, il se demande si le pretendu Tout-puissant n’est pas, lui aussi, en confinement !
D’autre part, ce Dieu semble être aussi le contrôleur de tout, un souverain, toujours est-il chez les monothéistes ; là encore, l’auteur pointe du doigt pour montrer la fausseté de cette croyance en paraphrasant l’auteur de « Ainsi parlait Zarathoustra ». « Ce Dieu, dit-il, est mort. La covid19 l’a tué ».
Si Dieu est mort, quelqu’un d’autre a pris cette déité.
Etant donné que le Dieu, que nous presente le discours islamo-judéo-chrétien [l’expression est de lui], serait ‘sadique’, ‘faible’, ‘passif’ ; par conséquent il est mort. Désormais c’est l’homme qui est devenu Dieu lui-même (Homo Deus est). Alors il est homo erectus, homo faber, homo curator.
Dans le second texte, l’auteur a seulement répondu à des critiques émotionnelles, voire émotionneuses [ce terme est de moi] que lui présentent les dogmatistes. Ainsi le voit-on comme satan, lucifer.
A cela, il a montré que la faiblesse – intellectuelle – de ceux-là est issue d’une ignorance de la langue originale de l’ancien testament (l’hébreu). Alors en le traitant de lucifer et satan, « vous me faites l’honneur », « on me place au même rang que Jésus-Christ lui-même », leur riposte-il.
Que faut-il dire de tout cela ?
Remettre en question la ‘δόξα’ ne date pas du temps de Fils-Aimé. Jésus lui-même est un exemple typique de son époque dans la mesure où ses détracteurs lui ont opposé des critiques farouches et virulentes.
Contrairement à ce que pensent les langues bien pendues, particulierement en Haïti, la démarche du théologien n’est pas d’éliminer la bible (ibid.) mais d’encourager une lecture intelligente et éclairée à la lumière des exigences d’une connaissance approndie de l’hébreu, de l’araméen et du grec, en considérant sa complexité dans un contexte historico-critique. Car, ils sont trop nombreux croyant – à ce que Albert le grand s’oppose depuis au Moyen Âge – à une lecture literaliste de la Bible. Si l’auteur maîtrise les langues anciennes (dans ce cas celles de la bible), pourquoi ne cherchons-nous pas, au lieu de galvauder, ignorer les grammaires préliminaires, à le comprendre avant de le critiquer, dans le sens étymologique du terme ?
C’est là le grand problème : ceux qui parlent en mal du professeur ne le comprennent même pas ! Ils accusent un déficit intellectuel (pratiquons le ‘διάλεξις’ !). Prenons donc les textes (la torah, le coran, la bible) ‘cum grano salis’.
Si mon interrogation est sensée, il y a lieu de dire que l’auteur ne se réjouit pas de la covid19 ; mais il nous invite, me semble-t-il, à nous responsabiliser nous-même : nous devons mettre de côté l’affaire de Dieu (s’il en existe un !). Au lieu d’attendre une quelconque guérison divine à cette maladie, donnons-nous la guérison nous-même en faisant bouger notre ‘grey matter’ puisque nous sommes, pour reprendre son terme, ‘homo curator’. Ainsi, je vois en l’auteur un Nietzsche-haïtien.
Que ceux qui pensent être capables de faire avaler au chercheur ses thèses, qu’ils le fassent !
Sinon qu’ils se taisent jusqu’à ce qu’ils en soient capables !
Francklyn Dorcé dit Fran’cé,
Diplômé en Hébreu biblique et étudiant en Histoire/UEH
phi.dorsay11@gmail.com
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