Les armes privent les élèves de l'instruction à Martissant

La recrudescence des cas de violence dans les zones de Martissant, de Bolosse et du Bicentenaire a entraîné la fermeture des écoles deux semaines après la réouverture des classes. Enseignants et élèves préfèrent se terrer chez eux et ainsi éviter une balle perdue quand des bandits sans foi ni loi s'affrontent.

L'école nationale Hermann Héraux (4e avenue Bolosse), située à la délimitation des territoires de Grand-Ravine et Baz Pilat, est l'établissement le plus mal barré. Le toit de l'école est régulièrement utilisé comme position stratégique par les hommes armés. Les trous laissés par les projectiles dans la barrière de l'école témoignent de la violence des affrontements. L'école, qui n'a fonctionné que durant quatre mois au cours de l'année scolaire écoulée, ne peut toujours pas rouvrir ses portes. Les tentatives de reprise se sont soldées par des échecs, car la majorité des élèves ont déserté la zone. Ceux qui sont contraints de rester ont peur de s'y présenter.
Pour ces enfants, notamment ceux du réseau public dont le MENFP n'a pas encore décidé déplacer leur école, l'année scolaire est plus que compromise. Les tirs nourris et les meurtres orchestrés par les gangs armés à l'entrée sud de la capitale empêchent au moins sept écoles publiques et plusieurs établissement du réseau privé de fonctionner. Certaines écoles de la zone ont commencé à recevoir des élèves depuis le 7 janvier, d'autres situées au cœur des «no go zone» n'ont pu jusqu'ici tenir ne serait-ce qu'un jour de classe. 
Les élèves des écoles nationales République du Pérou (Martissant 1), République du Nicaragua, le Centre d'application, le Centre de formation pour l’école fondamentale (CEFEF) et le lycée Jacques Roumain de Grand-Ravine sont constamment privés de jours de classe quand les groupes armés s’entredéchirent dans l’indifférence des autorités. Le peu d'élèves qui se sont présentés lundi 20 janvier, la peur au ventre après un weekend sanglant qui s'est soldé par l'assassinat de plusieurs personnes à Cité l'Éternel, ont été renvoyés par les directions. Bien souvent, les enseignants craignent également pour ceux qui ne se sont présentés.
Le directeur du lycée de Grand-Ravine, Vertu William, a perdu la joie qui l'animait quand il parlait de la reprise des activités scolaires en ce début d’année à la faveur du calme apparent qui règne dans la zone. « À cause des tirs nourris les élèves ne viennent plus. Ils ont peur. Certains s'étaient présentés lundi, nous les avons renvoyés aussitôt que les coups de feu commençaient à retentir », a confié M. William avant de souligner qu'il suivra attentivement l'évolution de la situation pour savoir quand l'école reprendra son cours normal. Même son de cloche du côté d'un responsable de l'école République du Nicaragua. « Deux policiers ont été abattus à l'entrée de l'école mardi, les parents ont peur et les enfants sont traumatisés. Alors je ne peux pas demander aux élèves de venir dans ces conditions », a-t-il indiqué. 

À cause des jours de classe manqués en raison des affrontements entre groupes armés rivaux, les écoles publiques situées dans les quartiers de Martissant et Bolosse enregistrent des taux de réussite très bas aux examens d'État. Après le début d'année scolaire perdu à cause des trois mois de paralysie des activités dans le pays, elles sont confrontées au même problème

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